Réussir les volumes aux crayons de couleur
Si l'on désire obtenir un rendu réaliste aux crayons de couleur, il est indispensable d'avoir une gamme de valeurs bien développée. Rien de plus décourageant que de passer des heures sur un dessin pour se rendre compte au final qu'il est tout plat et que les formes ne tournent pas assez dans l'espace. Pour obtenir cet effet, il est intéressant de commencer son dessin par une sous-couche qui nous aidera à établir les valeurs et les couleurs du dessin.
Pour la réaliser, il existe plusieurs options.
Parmi celles-ci, il en est une que je trouve particulièrement séduisante : la sous-couche en couleur
complémentaire.
On appelle couleur complémentaire la couleur opposée à une autre sur le cercle chromatique.
Ainsi, comme vous pouvez le voir sur ce cercle, le vert et le rouge sont complémentaires, tout comme le jaune et le violet etc...
En mélangeant ces complémentaires en obtient ce qu'en peinture on nomme un « neutre ».
Aux crayons, on obtient un ton plus sombre et plus rabattu que la couleur de départ. C'est une bonne façon d'obtenir la valeur souhaitée en neutralisant une couleur trop vive.
Si on veut dessiner un objet rouge, on fera une sous-couche en vert. (Un rouge foncé sera opposé à un vert foncé, un rouge clair à un vert clair.)
La tomate bien rouge que voici va servir à illustrer mon propos.
Je profite d'un rayon de soleil pour poser devant ma fenêtre ma tomate posée sur un morceau de carton plume noir pour éviter au maximum un effet de lumière réfléchie.(Ce n'est pas une mauvaise chose bien sûr, mais ça complique un peu le travail).
La photo me plaît : elle est nette, la lumière est bonne, les contrastes bien visibles. Je vais juste redresser à l'horizontale la ligne du fond qui est oblique, je ne dessinerai pas non plus les espèces de « petites oreilles » qui apparaissent au bout de l'ombre portée à cause des feuilles, je diminuerai le point de lumière qui me semble trop important (comme c'est presque toujours le cas sur les photos).Je changerai aussi la couleur du fond qui est trop noire.
Dans mon logiciel de retouche d'images, je passe l'image en noir et blanc ce qui permet de mieux voir les valeurs.
A titre indicatif, voici le matériel utilisé pour ce dessin, on peut prendre autre chose bien entendu.
Une chute de Stonehenge blanc.
Crayons Faber Castell Polychromos et un Pablo Caran d'Ache.
Partie du dessin |
Couleurs utilisées |
tomate |
dark red 225, deep scarlet red, 219 pine green 267, scarlet red 219, earth green 172, vermillon ( PabloCA) 060,orange glaze 115, cadmium yellow |
Tige et feuilles |
dark red 225, scarlet red 219,olive green yellowish 175, earth green yellowish 168, earth green 172, cadmium yellow 107 |
Fond (mur) |
Indanthrene blue 247, indigo blue 157, cold greys 3, 4, 5 et 6. |
Fond (table) |
Indanthrene blue 247, sky blue 146 |
1 : Esquisser légèrement la forme de la tomate, des feuilles et de l'ombre portée au graphite HB.(Pour une question de visibilité, la photo est très accentuée, l'esquisse est beaucoup plus légère en réalité)
2 : Commencer à modeler la partie ombrée la tomate en utilisant deux verts (un foncé et un clair).
Travailler en légèreté, avec une mine pointue. Mêler les deux verts sans démarcation.
Appuyer moins fort en avançant vers la partie éclairée.
3 : Passer une couche de jaune, toujours légèrement, sur toute la partie éclairée, sauf sur le point de lumière qui reste blanc.
4 : Procéder de la même manière sur l'ombre portée avec les deux verts utilisés précédemment.
5 : Maintenant, il faut faire virer la tomate au rouge.
Ombre :
Utiliser le rouge plus sombre sur le vert le plus foncé, un rouge un peu plus clair sur le vert plus clair.
Lumière :
Passer du rouge orangé, puis de l'orange. Laisser en jaune la partie la plus claire.
6 : Repasser sur les rouges, toujours légèrement. Gagner en intensité. La mine doit toujours être pointue. Mêler les couleurs en gardant en tête le dégradé établi dans les étapes précédentes.
Laisser le point lumineux propre et blanc.
7 : Passer les deux rouges utilisés pour la partie sombre de la tomate sur l'ombre portée.
8 : Passer une couche de bleu soutenu vers l'ombre et une couche de bleu plus clair vers la lumière. Éviter les démarcations trop nettes. Passer le bleu soutenu sur l'ombre portée également.
9 : Pour la tige et les feuilles, il faut deux verts : un sombre et un plus clair, et les deux rouges utilisés pour la partie ombrée de la tomate. Un peu de jaune pour les parties les plus lumineuses.
On commence par poser les rouges dans les parties à l'ombre. Le jaune
sur les parties éclairées.
Ensuite on passe le vert le plus sombre sur le rouge le plus sombre. Pour des verts « moyens » on modèle avec le rouge et le vert plus clairs. En légèreté toujours.
10 : Le mur est un dégradé de bleu foncé vers un bleu plus clair.
A noter : le mur est plus sombre que la table : en tenir compte en choisissant des bleus pour ces deux parties.
On peut estomper avec un mouchoir jetable pour éviter les démarcations trop fortes. Cela lisse un peu les coups de crayons trop visibles. Cela enlève également un peu de pigment, il est parfois nécessaire de repasser du crayon à nouveau.
11 : Dégrader le mur avec les 4 gris froids.
Intensifier la partie gauche de la table.
12 : Cette dernière étape est consacrée aux petits détails.
J'ai repassé du vert foncé dans la partie ombrée de la tomate, mieux défini les feuilles, intensifié encore les couleurs en général.
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Tu veux ma photo ? ;)
Quand on travaille comme moi dans le figuratif, on peut recevoir deux sortes de commentaires :
_ Comme c'est beau ! On dirait une photo !
_ On dirait une photo, je ne vois pas l'intérêt !
Bien que le premier provienne « d'admirateurs » et le second de « détracteurs » , ces commentaires ne me font plaisir ni l'un ni l'autre.
Je prends toujours le premier avec gentillesse néanmoins car je sais que c'est une façon naïve d'exprimer un avis positif sur mon travail. De plus, cela me satisfait pleinement d'être une artiste « populaire »au sens premier du terme : qui plaît aux gens. Je n'intellectualise pas beaucoup mon travail, mes œuvres ne finiront pas au Louvre et je ne révolutionnerai certes pas l'art de mon époque. Me faire plaisir en créant et donner à voir le produit de mon travail suffit à mon bonheur.
La photographie est donc un excellent moyen de parvenir à mes fins. J'y ajoute les capacités de l'informatique car je vis avec mon temps,; ) !... Les études préliminaires, je ne les fais pas toujours
s r un carnet de croquis mais parfois aussi sur l'écran de mon ordinateur. Et mon meilleur allié est Photoshop !
La photographie est en quelque sorte un point de départ, c'est d'elle que naît l'idée qui finira sur le papier. J'en prends des centaines, ma famille ou mes connaissances m'en apportent aussi maintenant « pour mes dessins ».Je les regarde, je le recadre, je les « bidouille ».Sur 100 photos, j'en rejette 99,9 ! Ceci posé, je ne reproduis pas, ou très rarement, le réel tel qu'il apparaît sur les clichés.
En somme, il ne faut pas confondre l'outil et la manière. Ma manière de dessiner peut être qualifiée d'illusionniste ( elle procure l'illusion du réel), de naturaliste ( elle imite la nature) mais le résultat n'est jamais la simple reproduction d'une photographie.
Les images ci-dessous montrent la photographie que j'ai utilisée au départ et le tableau qui en a découlé. Voyez par vous-même.
PS: Depuis que je m'essaie aux pastels, je découvre aussi d'autres manières de travailler.
La rapidité de ce médium, comparé à la lenteur des crayons, permet davantage un travail sur le motif.
Mais ceci est une autre histoire !
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Fini ! Il manque juste le passe-partout,...
Fini ! Il manque juste le passe-partout, un contrecollé canson foncé "lie de vin" qui je l'espère fera bien ressortir la fleur.
Des petits objets dont je ne pourrais plus me passer
Des petits objets dont je ne pourrais plus me passer.
Une image valant mieux qu'un long discours, je vous montre ci-dessous quelques petites choses qui sont vraiment pratiques (et peu chères !) et dont, comme l'indique le titre, je ne pourrais vraiment plus me passer !
1 : le taille-crayon à manivelle : J'ai passé tant de temps à tailler avec des taille-crayons ordinaires, à casser des mines et à mettre des "épluchures" partout, que, si je ne devais garder qu'un seul de ces objets, ce serait celui-là !
2 : Tout simple mais fort utile : ce carton ondulé empêche les crayons de rouler et donc de tomber et de se casser.
3 : un applicateur de maquillage. C'est plutôt quand je travaille sur Pastelmat, pour estomper.
4 : Une petite brosse dure ( un pinceau bon marché) dont les poils sont taillés courts.Les Polychromos s'estompent bien avec ça (les Prismacolor, moins).
5 : le pochoir d'effaçage : très pratique pour gommer un petit détail ou ouvrir un rehaut.
6 : Parmi toutes les pâtes, celle que je préfère est le Blutack.Je l'utilise comme une gomme mie de pain, mais ça décolle davantage de pigment.Très utile puisque le crayon de couleur se gomme mal.
Un matériel un peu plus lourd : le chevalet de table, très commode pour les grands formats et la lampe d'architecte que l'on peut incliner comme on veut.
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Comment fabriquer soi-même une carte originale
Vous avez envie de joindre une jolie carte à un cadeau d'anniversaire, pour une occasion particulière ? Pourquoi ne pas la réaliser vous même ? Cela donnera encore plus de prix à votre présent.
De plus, cela vous fera utiliser tout ce matériel que vous stockez amoureusement dans vos tiroirs sans jamais l'utiliser.
Il vous faudra :
- de la peinture acrylique : du blanc et des couleurs de votre choix
- un papier robuste
- des bandes de masquage
- des pochoirs
- quelques pinceaux
- éventuellement des tampons (que vous pouvez fabriquer vous -même avec du polystyrène).
- des lingettes, ou du papier absorbant
J'ai pris une feuille épaisse dans un bloc qui traînait chez moi, dimension 24 x 32 cm, on peut très bien la découper au cutter pour qu'une fois pliée, elle puisse s'insérer dans une enveloppe standard.
Allez, c'est parti !
Pliez votre feuille en deux en marquant bien le pli puis passez une couche de peinture acrylique blanche sur la face où vous allez peindre. C'est bizarre de peindre blanc sur blanc mais important pour la suite, je vous dirai pourquoi après.
Laissez sécher.
Ensuite, sur carton rigide, genre vieux calendrier, cachez les bords de votre carte avec une bande de masquage, comme ceci :
Ces bords resteront blancs après travail, efforcez-vous de poser vos bandes de façons régulière pour avoir une marge identique partout (ce que je n'ai pas pris le temps de faire ! )
Enduisez cette face avec la couleur de votre choix (ici un jaune de cadmium clair) :
Laissez sécher.
Puis, avec un autre couleur (du jaune cadmium foncé dans mon cas) passez une couche assez diluée sur l'ensemble, et attention, il faudra agir assez vite ensuite car on va utiliser un pochoir de façon soustractive avant séchage cette deuxième couche.
Donc mon jaune foncé :
et mon pochoir par dessus :
Si votre pochoir est trop petit pour couvrir la feuille, pas de problème, vous le déplacerez en cours de travail, on ne veut pas un résultat trop "propre".
Avec une lingette (donc déjà légèrement humide) ou un papier, ou encore chiffon, très légèrement humidifié, on va frotter sur l'ensemble du pochoir, ce qui aura pour effet de retirer la couche de peinture encore mouillée.
Dans mon cas, jaune sur jaune, c'est discret mais ça peut être spectaculaire et j'adore cette technique.
On laisse sécher complètement.
On va ajouter une troisième couche.J'ai utilisé un tampon maison, gravé au stylo bille vide sur une plaque de polystyrène pour emballage alimentaire, il a déjà été utilisé avant , le voici :
J'enduis mon tampon (si vous avez un petit rouleau en mousse, c'est bien, sinon au pinceau) avec du bleu et je presse de façon aléatoire sur ma feuille :
On laisse sécher complètement.
Pour la suite, je vais utiliser une simple éponge :
J'ai choisi d'utiliser du rouge pour cette couche : je prélève de la peinture avec l' éponge et je la tapote sur un bout de papier pour enlever l’excédent. Puis, je la tapote sur ma feuille de façon arbitraire aussi, sans tout couvrir.
On peut ignorer cette étape, mais j'ai choisi de pulvériser un peu d'eau en haut de ma feuille et de réaliser des coulures. Oui, je veux un travail un peu "cochon".
Donc, pulvérisation d'eau en haut puis j'incline ma planche afin d'avoir quelques coulures (avant séchage complet du rouge ! ).
Je remets ma planche à plat et j'attends environ 2 minutes.
Ensuite je pose un papier absorbant sur ma feuille :
Je presse avec la main, puis j'enlève ce papier.
Je n'ai pas attendu assez et on voit peu de coulures mais j'ai ôté l'excédent de rouge au milieu et c'est ce que je voulais.
Laisser sécher (on peut s'aider d'un sèche cheveux).
Quand c'est bien sec (vraiment sec), on va passer à une étape que j'adore ! On va faire un petit glacis pour donner un peu de profondeur.
Il nous faudra, une peinture plus foncée que les précédentes (ici de la terre de sienne brûlée) et un pinceau un peu rond.Une brosse peut faire l'affaire, on prend ce que l'on a sous la main.
On va déposer très peu de peinture dans un coin de la feuille, et quand je dis très peu c'est ça :
Sur cette petite tache on fait un léger pschitt avec notre pulvérisateur, léger ! Il faut juste un "nuage d'eau". Avec la brosse ronde, on va doucement étaler cette tache en suivant les bords de la feuille.Ne pas mettre trop de peinture surtout, mieux vaut moins que trop, cette étape est délicate !
On doit obtenir un rendu fondu sans démarcation nette, comme ça : ici, je l'ai fait aux quatre coins de la feuille mais je laisse l'intérieur clair.
On laisse sécher (si le rendu n'est pas assez fort, laisser sécher et refaire la même chose après).
Etape suivante : on met de la bande de masquage sur la surface de notre feuille en essayant de faire de séparations irrégulières, enfin dans mon cas, on peut faire comme on veut. Ça ressemble à ceci, j'ai photographié le pinceau que je vais utiliser pour l'idée, mais on peut prendre ce qu'on a sous la main :
On va effectuer un "brossage à sec" en suivant les bandes de masquage.
Brossage à sec veut dire qu'on ne va pas utiliser d'eau, ou très, très peu.
J'ai utilisé la terre de sienne aussi ici.
Comme ça :
Mince ! un peu trop net mon rendu, les aléas du travail en direct ! Dans l’idéal, j'aurais souhaité une transition moins nette, c'est un coup à prendre et cela dépend du degré d'humidité de la peinture et justement ce genre de carte ne met pas de pression et ça ira !
Donc, je fais mon brossé à sec en suivant bien les bords de mes bandes de masquage. et sans attendre le séchage complet, on retire les bandes. Pur bonheur ! Un relief apparaît comme par magie !
J'adore ce moment ! Vous l'aimerez aussi !
Et ce n'est pas fini, car...
Vous allez maintenant enlever les bandes autour de votre travail. J'ai peint la feuille en blanc au départ car sinon, quand on enlève la bande le papier vient avec et ce n'est pas très joli.Là, aucune problème, mes bords sont nets.
J'ajoute au marqueur acrylique quelques spirales, en doré :
On peut aussi écrire dessus avec un feutre acrylique, coller des images, des fleurs séchées, du texte...les possibilités sont multiples.
On peut en réaliser beaucoup dans des styles différents. C'est facile, créatif et reposant !
De plus, cela permet d'expérimenter diverses techniques (pochoirs, tampons, coulures, glacis, masquage) qui peuvent être réutilisées à plus grande échelle, sur une toile par exemple.
Triptyque
Ensemble de 3 toiles de 30 x 30cm formant un triptyque. le fond noir est photographié et ne fait pas partie de l'œuvre. Acrylique sur toile, 2021.