Fixatif, vernis et marouflage : mes expérimentations pour présenter un dessin sans verre.
Des dessins présentés comme des peintures.
Si vous êtes comme moi, vous êtes toujours un peu déçus quand vous avez encadré votre joli dessin ou votre pastel et que vous l'avez accroché au mur. La raison : les reflets ! Et oui, le verre réfléchit toute source de lumière et il faut s'approcher pour bien voir le dessin. C'est le même problème dans les expos avec des éclairages qui ne sont pas toujours top. C'est assez frustrant. Alors j'ai cherché, assez longtemps, comment faire pour exposer un dessin sans verre. Comme une toile en fait. Et j'ai fini par trouver une solution que je m'empresse de partager avec vous.
Je précise que cet article ne concerne que les dessins au crayons de couleur (qu'ils soient à base d'huile ou à base de cire) pour les pastels secs, pas de solution, il faudra passer par l'encadrement sous verre.
L'envie m'est venue de réaliser ces essais en voyant comment certains artistes, comme Ester Roi ou Virginia Caroll par exemple, arrivent à montrer leurs œuvres sans vitre protectrice, en contre collant le papier sur une surface rigide. Le dessin a alors réellement l'aspect d'une peinture. Virginia m'a aimablement indiqué les produits qu'elle utilise et il a fallu chercher des équivalents qu'on peut se procurer en France. Côté fixatif et vernis, pas de problème, le support rigide a été plus compliqué.
Fixer et vernir
Il n'est pas obligatoire de fixer les dessins aux crayons de couleur quand ils sont encadrés sous verre, même si c'est préférable pour les raisons exposées ci-dessous. En revanche, il sera impératif de fixer votre dessin si vous voulez le présenter sans verre puisque vous devrez le vernir.
A quoi sert le fixatif en général ?
Le fixatif empêche la formation de « wax bloom » quand on utilise des crayons à base de cire comme les Prismacolor par exemple. Le « wax bloom », terme difficile à traduire, est en fait une remontée de cire grisâtre à la surface du dessin, notamment dans les endroits où l'on a appuyé fortement avec une couleur sombre. Pour l'ôter, il suffit d'essuyer doucement la surface avec un chiffon propre et de passer quelques couches de fixatif. Le problème sera résolu.
Avec des crayons à base d'huile, comme les Polychromos de Faber Castel, il n'y a pas de « wax bloom ».
Pourquoi utiliser un fixatif dans ce cas ?
Je l'utilise pour deux raisons :
Pour une meilleure conservation dans le temps : En effet, j'ai choisi un fixatif anti-UV (voir ci-dessous) qui protège le pigment des agressions de la lumière. Je n'ai pas remarqué de changement de couleurs dû à l'utilisation de ce fixatif. Je passe plusieurs couches fines du produit (3 à 4) en laissant un temps de séchage de 15 minutes entre chaque couche.
Attention cependant : Ne pas utiliser de fixatif sur du Pastelmat sombre et en règle générale sur un support foncé, cela assombrit les couleurs ! Sur un papier blanc ça ne change pas les couleurs.
Si je désire vernir le dessin ultérieurement : un dessin aux CC peut être vernis sans aucun problème verre ou pas. Le vernis que j'utilise est aussi anti UV. Vernir un dessin n'est certes pas une obligation mais ceci donne un rendu un peu différent au dessin, un aspect peinture. C'est aussi une barrière contre les taches, la lumière, les rayures, l'eau, bref, une bonne protection.
Il existe plusieurs sortes de vernis, celui que j'utilise doit être coupé avec un peu d'eau et appliqué au pinceau. Il faut choisir une brosse de qualité qui ne perd pas de poils. Il faut attendre environ 6 heures entre chaque couche (2 à 4).
Ne surtout pas mélanger de façon agressive, ça fait des bulles ! Il faut y aller tout doucement et laisser reposer un peu la mixture. D'autres vernis seraient peut-être plus simples à appliquer mais celui-ci est très bon : en séchant, il devient insoluble à l'eau et résistant aux rayures.
Si on désire vernir son dessin, l'emploi de fixatif avant vernissage est alors impératif, je le rappelle sinon les pigments vont migrer et salir le dessin.
Passons au support, car il faudra coller le dessin sur un support rigide. J'ai d'abord eu quelques déboires.
Voici deux essais réalisés sur des dessins de petit format :
Dans ce premier exemple, un dessin de 21 x 14 cm, le papier est collé sur du carton bois de 3mm.
Le carton bois, facile à découper, ne convient hélas pas : il est trop souple et la colle (une colle blanche, sans solvant, pour l'encadrement : marque be25) ayant du « tirant », l'ensemble ne reste pas plane et à tendance à s'incurver.. De plus, les coins s’abîment.
Dans ce second exemple, le dessin est plus grand ( 22 x 29 cm) tout en restant de petite dimension. J'ai fait découper un morceau de contreplaqué de 1 cm d'épaisseur. Le support reste parfaitement plane et rigide. Cependant, la tranche n'est pas belle à regarder : défauts, trous dans le bois.
De plus, en appliquant la colle au verso du dessin, le papier s'est mis à roulotter ! Heureusement le format était petit, sinon, j'aurais eu toutes les peines du monde à appliquer le papier sur le contreplaqué. Une fois ceci fait, des bulles d'air sont apparues ! J'ai posé une feuille de papier propre sur le dessin et à l'aide d'un petit rouleau j'ai appuyé sur toute la surface. Certaines bulles ont disparu mais pas toutes ! J'ai laissé le tout reposer une nuit à l'envers sous une pile de livres et le lendemain, le papier était parfaitement tendu. Avec un cutter, j'ai juste découpé proprement le long des bords. Le papier est depuis resté très tendu et l'ensemble est solide.
Donc : Carton bois, non, trop souple. Contreplaqué, mieux mais rendu pas très propre au final.
Reste cette autre solution : la plaque de Tintoretto. (voir photo)
Avantage : c'est solide, plane, les bords sont propres. Inconvénient : c'est cher !
Finalement, j'ai trouvé !
Le mieux pour le support c'est le MDF (medium Density Fiberboard).
C'est solide, pas cher, on en trouve dans tous les magasins de bricolage, on peut le faire découper dans le format souhaité et les bords sont propres.
Il y a plusieurs épaisseurs. J'ai pris du 10 mm, c'est parfait.
Voilà à quoi ça ressemble :
Il faut le préparer avec du liant acrylique qui va isoler totalement le papier de la planche de bois et éviter d’éventuelles salissures. On en trouve facilement dans les magasins Beaux-arts. On laisse bien sécher, c'est assez rapide.
Ensuite, il faut maroufler le dessin sur ce support en bois. Et là le secret pour éviter que le papier s'enroule sur lui-même quand on applique la colle, c'est de l'humidifier.
Il faut retourner le papier sur une surface propre et passer une éponge humide au verso. Ensuite, on peut appliquer la colle.
J'ai utilisé le produit ci-dessous, une colle vinylique blanche, extra souple, ph neutre.
On pose son papier encollé sur le support en le laissant dépasser un peu ( je n'ai pas pris de photo de cette étape mais le support MDF doit être légèrement plus petit que le papier, il faut un peu de marge.)
On chasse les bulles d'air éventuelles en posant un papier propre sur le dessin et en passant la main, ou un petit rouleau dessus. Il y en a toujours un peu mais elles s'en vont au séchage.
On laisse sécher une nuit en posant un papier propre sur le dessin et des livres un peu lourds par dessus.
Le lendemain, quand tout est sec et tendu, on découpe les bords du papier avec un cutter.
Voici le rendu final :
Sur un petit format : 20 x 20 cm :
et sur un format plus grand : 40 x 40 cm :
Il faut ensuite fixer le dessin et passer du vernis pour bien le protéger. Les produits mentionnés plus haut sont bien, mais il en existe d'autres. Il faut également peindre les bords avec une peinture acrylique.
Et voilà ! Terminé le verre et les sales reflets qui gâchent tout quand on expose.
Bien sûr, il faut trouver un système d'accrochage. Ce n'est pas compliqué. Je ferai un petit article là-dessus prochainement.
A bientôt !
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